Step 7-1 / Martinique : SNSM - Envoyez vos DONS.... Et oui encore une belle histoire

Bon... en attendant de vous parler des délicieux moments que nous passons actuellement dans cette belle île de la Martinique, arrêtons nous un instant sur un "petit incident" qui aurait put mal...très mal se terminer pour notre très cher Kitty Cat.

Nous voilà le samedi 3 janvier, 22h, sur les hauteurs de la baie du Simon à l'Est de la Martinique. L'échelle du Chill est au plus haut : villa avec piscine (à presque débordement), bannette royale en perspective...jusqu'ici tout va bien...jusqu'ici tout va bien... trop bien peut être.

Coup de téléphone...

bzzzz bzzzz...bzzzz bzzzz

Tiens tiens un portable sonne. Ha c'est marrant, c'est mon iphone qui miraculeusement ce soir est allumé (ce smartphone de dernière génération ayant décidé de se décharger en moins de 2 à 3h et de se recharger en plus de 10h depuis une nuit de quart légèrement humide). 

"Allo?"

- Bonjour Monsieur, vous êtes bien le propriétaire du bateau dénommé "Kitty Cat" ?

- Oui ?

- C'est le Cross Ag à l'appareil, votre bateau vient de rompre ses amarres et dérive actuellement à l'ouest sur la mer Caraïbe...Je vous communique le numéro du témoin sur place qui nous a contacté ainsi que le numéro du secours en mer (la SNSM)...

- oeil ?

Nous sommes alors à plus de trois quarts d'heure de l'anse où nous nous étions installés deux jours plus tôt, accroché à une bouée avec doubles amarres. Il fait nuit et Kitty Cat fait une fugue vers le Panama... la situation se présente assez mal...C'est le grand BAZAR mais la situation aurait pu tourner bien plus mal. Par une chance inouïe, le bateau est sorti de l'anse sans toucher un seul caillou en se frayant un chemin entre les quelques bateaux mouillés sous notre vent.

Nous avons encore une chance de sauver notre bateau.

Nous contactons en vitesse Christian, le témoin sur place, pour obtenir plus d'informations sur les circonstances de l'incident. Ce dernier nous apprend que dans l'anse, le vent souffle très fort et que plusieurs personnes ont essayé en vain de récupérer notre voilier par différents moyens : remorquage à l'aide de plusieurs annexes dont une de 20 chevaux, abordage du bateau et allumage du moteur...

Mais la clé du moteur est enfermée à bord et toutes les entrées sont soigneusement verrouillées. Nous sommes donc les seuls à pouvoir ramener le bateau en montant a bord.
Et à l'heure où nous obtenons les informations du Cross, il est déjà bien trop tard pour aller directement sur place, à l'aide d'un zodiac, rattraper Kitty Cat qui a déjà entamé un grand voyage dans une mer Caraïbe particulièrement chaotique.

Notre seule solution est alors de contacter la SNSM pour demander une intervention de leur vedette.

La Vedette

Petite balade nocturne en mer de Caraïbe par 45 noeuds

Le temps de ramasser en vitesse quelques affaires, nous filons directement avec Antoine (le frère de Malo) rejoindre l'équipage de la SNSM sur les quais du port de Fort de France.

Vers minuit, nous sommes prêts à appareiller. Ca y est, nous avons un moyen de transport fiable pour affronter la mer du golfe. Mais comment localiser précisément le bateau ?

Bien entendu, notre système de tracking n'a plus de batterie...et le dernier point relevé vers 19h relève le bateau tranquillement installé à son mouillage dans l'anse au milieu des tortues.  Dommage ça aurait été plutôt pratique...

Mais la encore la chance nous sourit. Sur place, Christian, notre sauveur qui a alerté les secours et essayé par tous les moyens de stopper la fuite de Kitty Cat, garde bien en vue le feu de mouillage du bateau (placé en haut du mât) aux jumelles. Et vers 23h, alors que nous roulons vers le port, il réussit, à la suite du passage du Ponan (un voilier de croisière rendu célèbre en 2008) près de notre bateau, à nous fournir une position GPS indicative de la position de Kitty Cat. 

Premier soulagement car le point qu'il nous communique n'est pas si éloigné de la côte contrairement à ce que nous imaginions. Avec une lune presque pleine, un feu de mouillage allumé en haut du mât et un puissant radar à bord de la vedette SNSM nous avons donc une chance de retrouver le bateau.

Première lueur d'espoir.

les coordonnées supposées du bateau à 23h

Ce petit bout de papier à la main, nous nous lançons à bord de la vedette de la SNSM à plus de 15 noeuds au dessus des vagues dans la baie de Fort de France... le stress est pesant à bord et nous restons tous les yeux rivés sur le GPS et le radar.

Soudain, après plus d'une vingtaine de minutes, un léger écho radar transparait par intermittence. Il est encore bien trop tôt pour se prononcer mais la position du point est déjà cohérente avec la position GPS qui nous a été communiquée.

Deuxième lueur d'espoir.

Nous passons le point GPS indiqué. Les yeux rivés à travers la vitre embuée de la cabine de pilotage, nous scrutons un horizon obscur et très mouvementé. Nous sommes tout proche de l'écho radar mais toujours aucun visuel sur le bateau.

Soudain, après quelques minutes particulièrement angoissantes, nous visualisons enfin un feu de mouillage... puis nous apercevons la silhouette d'un bateau.

Il n'y a plus de doute, c'est bien Kitty Cat !

Le bateau est retrouvé mais notre soulagement est de courte durée. Le comportement de Kitty Cat, puissamment éclairé par le projecteur de la vedette, est erratique. Dans cette mer déchainée par un vent violent, le bateau se cabre et roule violemment à chaque trainée de vague. Il parait alors bien compliqué d'aborder le bateau directement sans risque de dommages importants...

Peu d'options s'ouvrent à nous... Envoyer quelqu'un à l'eau même bien attaché et protégé pour grimper l'arrière du bateau présente un gros risque de se cogner violemment au bateau avant d'arriver à s'agripper à l'échelle de la jupe arrière. Sauter sur le bateau par abordage est également risqué mais c'est la solution qui sera finalement retenue.

L'opération d'appontage par 45 noeud établis et 2m de vagues

Malo, casqué et harnaché d'un gros gilet orange se prépare à l'avant de la vedette à sauter sur le bateau. L'approche est délicate car les vagues bousculent violemment le bateau de la SNSM. Le bateau s'approche en douceur et au contact des deux bateaux Malo parvient à sauter sur Kitty Cat tandis que pleine marche arrière le capitaine de la SNSM évite une collision violente.

C'est un moindre mal, seule une légère marque sur le franc bord du bateau et un chandelier tordu témoignent de l'abordage...

C'est une grande avancée, le bateau est presque sauvé !

Retour au bercail

Une fois a bord, Malo ouvre les panneaux de descentes, récupère la clé moteur et démarre : direction de Grande Anse dans laquelle le bateau se trouvait auparavant. Sous escorte de la SNSM, Kitty Cat rejoint la côte abritée, ce qui permet au reste de l'équipage (Antoine et Arthur) de remonter à bord du bateau dans des conditions plus clémentes.

Il est 3h du matin. le bateau est sauvé mais il fait encore nuit et de violentes rafales rendent l'approche du mouillage (très encombré en pleine saison) des plus difficile.

Avec la fatigue accumulée, nous décidons d'attendre 6h et le lever du soleil pour se frayer un chemin dans l'anse et sécuriser le bateau à l'ancre au plus proche de la plage pour bénéficier d'un bon abri des violentes rafales du vent de Nord Est. Se met alors en place le traditionnel jeu de quart le temps de faire quelques ronds dans l'eau en attendant le jour sous les assauts des rafales (jusqu'à 50 noeuds à l'anémomètre) et sous un magnifique arc en ciel de lune (oui oui ça existe !).

Vers 7h du matin, nous jetons l'ancre dans la partie sud de l'anse. Trois minutes plus tard, chacun rejoint sa bannette pour un repos bien mérité.

Tout est bien qui finit bien !

Avertissement sans (trop de) frais, Kitty C is back home, retour au calme mais on l'a échappé belle. Et le peu qu'on puisse dire c'est que nous avons eu tout au long de cette histoire énormément de chance... Comme le capitaine de la SNSM nous l'avoue durant l'opération : "ce genre d'incident est assez fréquent mais généralement on retrouve les bateaux sur les cailloux..."

Pour conclure cette petite histoire, nous tenons à remercier infiniment les principaux sauveurs de notre bateau : Christian Clément et sa femme Lydie sur leur beau catamaran Lalancette. Merci pour avoir repéré la dérive du bateau, alerté le Cross et veillé pour nous guider jusqu'au bout dans la bonne direction ! Nul doute que sans eux, Kitty Cat serait à l'heure actuelle en train de bronzer sur les rochers Panaméen...

Un grand merci également aux bénévoles de la SNSM  pour nous avoir accompagnés un samedi soir pour un tour en mer assez mouvementé et particulièrement à son capitaine, Antoine Sablone, pour avoir effectuer une belle manoeuvre d'appontage sans grand dommage pour le bateau. 

Allez, promis, on arrête les bêtises.