Après
une semaine aux San Blas, sans eau courante ni connexion au réseaux, nous retrouvons dans cette marina de quoi gouter une dernière fois aux petits plaisirs
de la vie moderne avant le grand saut dans le Pacifique : accès Wifi illimité,
piscine, jacuzzi, douches à profusion, fast food mexicanos, machine à laver,
salle de musculation (malheureusement on n'a pas eu le temps d’y aller, c’est
fort dommage)…
Quelques
jours de stand by donc le temps de faire le plein d’eau, de nourriture, de gaz,
gasoil, et surtout de graisse en attendant notre date de passage fixée au 4 avril 2015.
Dans
cette luxueuse marina, nous faisons également une belle rencontre. Claude et
Fred, deux suisses fort sympathiques qui possèdent eux aussi un magnifique Sun
Legend 41 (MAGIC SWAN).
C’est l’occasion de quelques petits apéros où nous découvrons que comme nous ils n’ont depuis leur départ aucun mais alors aucun souci technique avec ce légendaire voilier dont tout le monde rêve !
En
grandes vacances depuis déjà 1 an dans les Caraïbes ils prennent la même route
que nous et prévoient de revendre leur bateau en Nouvelle Zélande ! La
concurrence va être rude ! Vous pouvez jeter un coup d’œil à leur blog
ici !
L’histoire détaillée du canal de Panama
![]() |
Bon, avant
de vous narrer en détail notre expérience du passage du canal, je crois important de
revenir un peu sur l’historique et les spécificités techniques de cet ouvrage
hors du commun.
Tout
commence en 1882 avec ce brave Ferdinand de Lesseps, qui vient de terminer la
construction du canal de SUEZ…
Bon
ok… Je vais vous épargner tout ça. Mais pour plus les intéressés, désireux d’en
savoir plus sur la grande aventure de cette Superstructure, je vous invite au plus
vite à consulter les épisodes relatifs au canal d’une émission cultisme qui a
bercé quelques uns de nos brumeux dimanches parisiens.
Et
sa petite sœur sur l’agrandissement en cours du canal :
Sinon comment faire pour passer le canal en
2015 avec un voilier ?
Deux
solutions : prendre un agent ou faire sans. Bien évidemment l’agent coûte des sous mais fait gagner un temps considérable (on a eu notre date de passage en
moins de 3 jours) et épargne bien des dépenses et complications en aller et
retour entre les différentes autorités (autorité de canal, douanes,
immigration). Au final on est bien content d’être passé par un agent.
Et combien ca coûte tout ca ?
Et
bien là ca fait un peu mal. Vu le budget que cela représente pour un petit bateau
comme le notre on comprend assez aisément que le canal représente la première
manne économique du pays.
Petits canal
Panama facts : le plus gros bateau a payé 259 165$ et le plus petit bah
0,36$ (à la nage !)
Petit
panorama de nos dépenses…
800$
canal
350$
frais d’agent
54$
transit inspection
130$
transit security fee
60$ location
de défenses supplémentaires et d’aussières de 40m pour le maintien du bateau
lors de la montée et descente dans les écluses
60$
taxe quelconque
35$
check out fee
100$
handliner
12$
tipping boat guy
Total :
1601$... une fois passé plus de retour
en arrière !
Préparatif au passage
Pour
nous, tout commence avec la visite d’un métreur du canal.
Kitty Cat passe sur le banc de mesure et le verdict est assez surprenant : la « grosse » est mesurée à 45,3 pieds avec sa jupe rapportée à l’arrière ! Pas mal pour un Sun legend 41.
Kitty Cat passe sur le banc de mesure et le verdict est assez surprenant : la « grosse » est mesurée à 45,3 pieds avec sa jupe rapportée à l’arrière ! Pas mal pour un Sun legend 41.
S’en
suit tout un tas de questions sur le bateau et le moteur (vitesse moyenne
atteignable et nombre de tour/minutes associés) afin de vérifier l’éligibilité
du navire à franchir le canal. On passe la barre haut la main.
Puis
vient le tour d’Eric, notre agent de nous rendre visite à la marina afin de
remplir les derniers papiers et de passer à l’épreuve douloureuse de la machine
à carte (au moins n’est pas obligé de régler en cash).
Reste
à trouver l’équipage qui va nous accompagner pour traverser le canal.
En
effet, pour traverser nous devons être au moins 6 à bord (4 handliners, un
barreur et le pilote panaméen). A 100$ le handliner, on espère pouvoir trouver
des gens à la marina. Bien heureusement, Claude et Fred nous feront le plaisir
de se joindre à nous et nous solliciterons en plus les services d’un jeune
Panaméen recruté par notre agent pour compléter l’équipage.
D- Day – 4 Avril
La fine équipe ! De Gauche à droite : Fred, notre handliner panaméen peu loquace (il doit être un peu blasé c’est son 150 eme passage du canal), Arthur, Claude et Malo |
Nous
quittons la marina à 13h pour rejoindre l’aire de mouillage des yatchs en
attente du passage. S’en suivent quelques heures d’attente du pilote qui doit
venir nous retrouver entre 16h et 18h…
A
son arrivée, le pilote nous apprend que nous traverserons les écluses à couple
avec un catamaran américain au milieu et un petit voilier français sur son
tribord. Une fois accouplé c’est « Papa » (le père de famille
américain sur son gros catamaran) qui pilote le gros radeau ainsi formé à
l’aide de ses deux puissants moteurs. Nous ca nous va bien on a rien
faire !
Ca y
est les portes de l’atlantique se referme juste derrière nous. La sonnerie
retentit et les premiers remous arrive. Plus de 100 000 m3 seront tirés du lac
Gatun pour permettre à notre radeau de voiliers et à notre grand voisin de
gravir les premiers mètres permettant d’atteindre le plateau du lac.
Après
avoir franchi les trois premières écluses nous nous retrouvons le soir autour
d’une grosse bouée pour passer la nuit au calme. Rincé par cette première
soirée de traversée et par notre bon vieux Nesson 55, il ne nous faut pas
longtemps pour rejoindre nos bannettes
Le
lendemain, a 6h du mat, pas le temps de finir le petit déj, un nouveau pilote débarque
en trombe sur notre bateau : Let’s go guys !
C’est
parti pour un peu plus de 20 miles jusqu’aux écluses du Pacifique, bien serré à
droite du chenal on croise quelques grosses unités et on aperçoit même un petit
croco faisant bronzette.
Le justicier en charge de draguer forer pour l'élargissement du canal |
A part ça pas grand chose, on attend et on
chill ! Ha si une jolie histoire ! Les hublots de la cabine avant (donnant sur la bannette de Malo) étaient ouverts quand on a croisé la vague d'un gros cargo... Oeil. Quelques affaires en coton soigneusement lavées et séchées à la marina ont ainsi été rincées à l'eau saumâtre et légèrement odorante du canal...Not cool...
Arrivés sur place, une
petite heure d’attente à couple d’un remorqueur américain en attendant le go
pour le passage des écluses et le manège recommence.
On
accouple les bateaux, Papa aux commandes. Mais nouveauté, cette fois, le nouveau pilote
Panaméen du gros cata de Papa est insupportable.
Il prend son rôle de petit chef très a cœur et passe son temps à gueuler et souffler dans son sifflet…autant dire que ca nous met de bonne humeur !
Il prend son rôle de petit chef très a cœur et passe son temps à gueuler et souffler dans son sifflet…autant dire que ca nous met de bonne humeur !
Vers
12h30, En plein milieu des opérations de la dernière écluse, notre pilote
s’inquiète. Il a grand faim. Notre agent avait été assez très clair voir
franchement insistant sur un point : il est dans notre obligation de
« bien » nourrir notre pilote panaméen. « You need to prepare a
strong and consistant meal ! »
Sur
le cata américain, pas de souci, pendant que Papa se concentre à la barre,
Maman est en effet occupé à préparer quelques mets délicats pour ses hôtes.
Mais
sur Kitty Cat on est un peu à la bourre. Pourtant un bon gros RTM (Riz Thon
Mais) est en train de mijoter et se tient prêt à caler les estomacs. Malheureusement, on ne
sait pas trop pourquoi mais nos hôtes Panaméens refusent de se joindre à nous pour
le déjeuner une fois la dernière écluse passée un peu avant 14h…
nos deux compères |
Et à
l’heure où j’écris ces lignes ( près de 10 jours après le passage du canal) , nous venons juste d’apprendre par mail de notre cher
agent que le pilote et le jeune panaméen sont allés se plaindre en prétextant
qu’on les avait laissés mourir de faim, ce qui nous menace d’une « petite
amende » de 890$ pour « transit pilot delay » (il doit aller se
chercher à manger) ou 434$ de lunch box (on se fait plaisir sur la nourriture)…
On nage en plein délire. Autant dire qu’on a pas mollis sur la réponse qu’on
leur a faite.
La dernière porte !!
Bref, on referme la parenthèse culinaire.
Nous voici enfin à l’expérience ultime ! Celle de la dernière porte qui s’ouvre sur le plus grand Océan du monde. L’instant est symbolique et nous avons souvent lu sur les blogs et autres récits de navigation l’impression magique souvent très romancée du paysage qui s’ouvre devant le navigateur à l’ouverture de cette dernière barrière.
Nous voici enfin à l’expérience ultime ! Celle de la dernière porte qui s’ouvre sur le plus grand Océan du monde. L’instant est symbolique et nous avons souvent lu sur les blogs et autres récits de navigation l’impression magique souvent très romancée du paysage qui s’ouvre devant le navigateur à l’ouverture de cette dernière barrière.
Nous
préparons à contempler l’immensité d’un Océan au caractère si différent de
celui de l’atlantique…
Et
bien non ! On ne voit pas grand chose à part les collines bordant Panama
city !
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En
revanche le panorama sur les buildings immenses de Panama city offre un
contraste intéressant.
Mais
une fois sortis de la baie, c’est vrai on se projette. Passer le canal, c’est
obtenir l’accès libre aux plus belles îles du Pacifique ! Plus que
quelques dizaines de jours de mer et nous toucherons enfin à l’Eden de la voile de
Plaisance. On en a presque les larmes aux yeux.
Nous
débarquons Fred et Claude qui s’offriront un petit road trip retour à la marina
en attendant de passer eux aussi le canal dans les prochains jours.
On espère les retrouver aux Marquises pour fêter comme il se doit la longue TransPac qui nous attend ! Merci les gars on s'est bien marré pendant cette traversée !
On espère les retrouver aux Marquises pour fêter comme il se doit la longue TransPac qui nous attend ! Merci les gars on s'est bien marré pendant cette traversée !
Derniers échanges aussi avec les bateaux qui ont traversé avec nous. Tous passent quelques
jours de l’autre côté du canal avant de s’engager dans la longue et compliquée
traversée vers les Galapagos.
Nous ?
bah nous on trace ! bye bye le continent !
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