Cette journée restera gravée dans nos mémoires.
Allez on se fait un petit plaisir! On va vous conter une petite histoire!
Au départ de La Rochelle, nous avions vu sur la météo et les fichiers Grib que un vent de NW allait monter dans la nuit à partir de 22h mais pas d'avis de grand frais en cours ou prévu. L'image du dessus ne sera vue que une fois arrivés à Gijon.
Tout s'est déroulé assez vite.
Matinée assez tranquille toujours sous 20 noeuds de vent au près. En début d'après midi, le vent commença à tomber jusqu'à avoir pétole vers 16h. On commence à se poser pas mal de questions, car ce n'etait pas prévu par les fichiers météo américains que l'on avait pris la veille. Une dizaine de dauphins passent nous voir pour l'apéro, et l'on se demande quand nous allons toucher du vent. Après le repas, le rituel de la bannette commence et je prends le quart avec mon père. Nous ne préparons pas vraiment le bateau pour le vent montant de la nuit car il était difficile de croire qu'on aller se faire brasser!!
En très peu de temps, du vent de Sud, puis Sud Est s'est mis à se lever. D'abord 15 noeuds, puis 20 noeuds sous génois entier et Grand voile. Nous filons à 7 noeuds et pour une fois en grand largue (vent venant de l'arrière). Le bateau est donc beaucoup plus agréable et tape beaucoup moins dans les vagues. A partir de 25 noeuds de vent on décide d'enrouler le génois et de passer sous trinquette sur l'étai largable.
Pendant cette opération, le vent s'est mis à forcir et à s'établir à 30 noeuds. Arthur sort alors de sa bannette profonde pour venir aider sur le pont parce que ca commence à devenir un peu chaud.
Genois enroulé, trinquette mise, le bateau est bien réglé, et le vent est désormais stable à 25-30 noeuds NW... Tiens ca me dit qqch cette direction de vent...
Et c'est parti, messieurs accrochez-vous le bateau va se transformer en machine à laver pendant 20 heures...on décide de prendre un ris à la grand voile pour faciliter la barre et soulager le bateau.
Petit à petit la mer commence à se former et on voit (enfin ce qu'on peut voir dans la nuit) à la fois la houle qui vient de l'ouest et le clapot du Nord Ouest. Le Golfe de Gascogne commence à s'exprimer. Nous sommes désormais 3 sur le pont, Martin est encore en bannette profonde. On s'autorise alors une petite video, l'ambiance est encore assez détendue sur le pont.
Sauf qu'il s'avère qu'à la fin de cette vidéo et bien premier problème d'enrouleur de GV, puisqu'il se déroule complètement, nous laissant sous désormais 35 noeuds de vent avec une GV complète. On parvient à réenrouler la GV.
Comme dit précédemment notre système d'étai largable est très peu fiable, et on risque vraiment de tout arracher devant, perdre la voile, le cable et potentiellement plus. On décide avec Arthur d'affaler la trinquette et de naviguer sous génois enroulé. Bon ce n'est pas terrible pour le cap et pour la voile en elle meme, mais là ca commence vraiment à bastonner. Nous reveillons Martin pour nous aider à faire cette opération. Mon père encore sur le pont commence à avoir une terrible migraine qui l'affaiblit de plus en plus. Je lui dis de rentrer à l'intérieur se poser un peu en sachant quand même que dans ces cas là, l'intérieur d'un bateau est un enfer de mouvements, de bruits, d'odeurs et de stress... Mais c'est toujours mieux que de perdre l'équilibre et tomber à la baille.
Arthur passe devant pour l'affalage, Martin au piano (retour de tous les bouts) et moi à la barre. Problème, nous n'avions briefer personne au piano, et il y a quand meme énormément de bouts à cet endroit. Et sous une telle cartouche, la moindre erreur se paye cash... Ce n'est donc pas la drisse de foc qui a été libérée mais bien l'enrouleur de Grand Voile (once again). Nous sommes désormais à 40 noeuds de vent établi... Le vacarme commence à être très intense. Pendant l'affalage, la drisse de la trinquette échappa à Martin et une bonne partie de la voile se déroula à grande vitesse dans l'eau devant Arthur impuissant à l'avant. Et oui...Martin n'y est pour rien...C'est pour nous tout ça. On décide de se mettre à la fuite pour continuer l'opération. A la barre ça force vraiment... un nuage... un grain... je rouvre les yeux sur le Raymarine...52 Noeuds de vent, 10,2 noeuds de vitesse...
Changement de postes. Je passe au piano, Martin à la barre, Arthur devant.
On parvient à affaler la trinquette. Arthur revient dans le cockpit. Il faut maintenant mettre le génois en le laissant bien enroulé.
Mais ca ne s'arrêtera jamais...Chirac:"Les emmerdes, ca volent toujours en escadrille"...
L'enrouleur de Génois lâche. 45 noeuds établis, avec un full Génois à l'avant de 54m2... on tente de réenrouler le génois mais la bosse s'est complètement démise du tambour. Et c'est parti pour 30-40 minutes de réenroulage de cette $^ù$^$^$ù$ù bosse de 20 m autour d'un enrouleur de 10cm de diamètre. Ca fait quelques tours à faire avec 3-4 m de creux à l'avant... en sachant que ma dernière expérience à l'avant comme ca fut célébrée par un cri de joie 24 h auparavant. Arthur part avec moi à l'avant et là ça va être la douche... L'étai principal ressemble plus à une corde à sauter des écoles primaires, qu'à un cable structurel du bateau. Premier vent de panique de ma part:
- "Arthur, on va démâter..."
- "Mais non, c'est bon on a tout changé"
Vague...vague...vague
- "OK, go."
C'est fait la bosse est en place, on arrive à enrouler le génois, 2 ris à la GV, le bateau tient.
Après ça Martin et Arthur restent dehors, et je pars en bannette profonde.
Record battu, 56 noeuds de vent à l'anémomètre...Mais le bateau ne bouge pas. Il passe très bien les vagues et ne se couche quasiment jamais. Les sensations à la barre sont juste incroyables, ce sentiment de puissance à la barre d'un 13 mètres dans cette tempête est incroyable.
-"Haaa, haaaa, haaaa..."
"Réveillé" par ces bruits, je sors de ma bannette, et là je trouve mon père sur la table du carré se tenant le crâne avec ses mains, du sang coulant le long de ses bras. Chirac...
J'appelle Arthur qui était dehors, nous sortons la trousse de secours bien préparée par les deux mamans, nous sortons les compresses, le fameux "Pchit pchit" (désinfectant), et une bande pour maintenir tout ça. Pendant ce temps j'envoie à la VHF un PAN PAN, permettant de mettre au courant les bateaux alentours de la situation sur le bateau. Il ne s'agit pas encore d'un message d'urgence.
Il est 5h du matin, ca fait 6 heures qu'on se fait brasser. Il est temps que le jour arrive. C'est tellement plus rassurant.
Mon père finit par se recoucher. Le jour se lève. Et le ciel de traîne caractéristique d'une dépression nous laisse avec 40 noeuds de vent établis sous un grand soleil et des cumulus.
Nous décidons de rentrer à Gijon (au lieu de Baiona). Nous arrivons sur Gijon à la tombée du jour le mercredi soir. C'est fait. Bravo à tout l'équipage, bravo Kitty Cat, ce fut pleins d'enseignements mais c'est surtout tellement positif et tellement satisfaisant d'avoir pu vivre cela à 4. Quasiment aucune casse sur le bateau, il a été très resistant et c'est très rassurant pour la suite du voyage.
Et dire qu'on voulait passer le Gascogne en Aout pour éviter les mauvaises conditions d'Octobre/Novembre....
OK c'est parti. Je prends mon gilet, mon tuba, mes palmes, mon maillot, c'est tout ce que j'ai !
RépondreSupprimerConfiance.. Mais il faudra m'expliquer un peu car je ne comprends pas tout..
Je vous suis de près. Faites moi des signes à Tahiti (Morea en particulier) et d'Auckland. J'y ai des souvenirs et/ou des attaches.
Bon vent. C'est comme ça qu'on dit ? et des bisous à toi Malo.