Poussés
par un petit alizé bien vitaminé, nous avalons les 580 milles qui
séparent Nuku Hiva de l’atoll de Rangiroa en un peu moins de 4 jours !
Le
temps pour notre invité de marque, Antoine Le Nel de découvrir les joies de la
navigation sous les tropiques : le perpétuel roulis du bateau dans la
longue houle du Pacifique, les somptueuses nuits sans lune illuminées d’étoiles
et les chaudes journées ensoleillées passées à écouter de bons podcasts "d'affaires sensibles" (Merci Claude et Fred) et à ne rien faire totalement
avachis sur une bannette extérieure assez rugueuse pour les fessiers…
Another day in Paradise donc, si ce n’est…
Oui,
vous y êtes.
La pêche.
Comment en parler sans perdre son sang froid…
Ben
voilà ça peut arriver à tout le monde ! La surpêche des japonais, les
« quelques » essais nucléaires, le réchauffement climatique, el nino,
la nina et toute la familia…Bref,
il n’y avait pas l’ombre d’une gougeonade dans cette foutue partie du Pacifique ! Chou
blanc donc pour le Bonitier Kitty Cat…N’en parlons plus.
Mais revenons
à l’objectif premier de cette traversée : rentrer à l'intérieur du lagon de Rangi !
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En
théorie, rien de très compliqué. On se pointe devant une des deux passes autour de l’étale, on envoie les
chevaux vapeur et on croise les doigts pour que ça passe. Dans la vraie vie ça se complique un peu.
Déjà,
les informations de marées fournies par les principaux organismes français,
américain et anglais sont totalement contradictoires…c’est déjà légèrement
embêtant…
Si
on ajoute à ça les effets de la houle qui, en remplissant le lagon à certains
endroits, peuvent annuler voir renverser tout courant rentrant pendant plusieurs
jours, on voit vite que ça devient le bazar et que personne n’arrive à prédire précisément les bascules de courant…
Les
mieux informés restent tout de même les centres de plongées. Sur les conseils de l'un d'eux, nous
rentrons par la passe d'Avatoru, moins sujette aux forts courants et aux effets
de mascarets (vagues créées par le courant contre vent). Et on fait bien car la
passe de Tiputa, pile dans l’alignement du vent est impraticable. Seuls les
dauphins se permettent de jouer avec les énormes vagues du violent mascaret qui agite la passe.
Une
petite heure d’attente pour passer un peu après l’étale avec un courant
légèrement sortant et nous voilà à l’intérieur du lagon !
Haaaaa !
Voiiiiiilà ! Le mythe des atolls paradisiaques du Pacifique Sud s’offre enfin
à nous !!
Après
tous ses milles parcourus, l’Eden est juste à porté d’étrave : ciel bleu
azur, douce brise portant le parfum des
arbres fruitier, eau cristalline aux reflets turquoises laissant transparaitre
toute la beauté du corail, sables fins blancs comme la neige, cocotiers et
petites vahinés dansant langoureusement au son du Ukulélé…
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Hé
bien NON !!! Nada !
Pour notre arrivée à « Rangi » on a le
droit a ça :
Oui le grand grand Bazar !!!
Plus
de 35 noeuds de vent, ciel bas, aucune visibilité, le tout accompagné d’un
déluge de pluie glacée… nous sommes au milieu d’un méchant grain tropical qui
va durer plus de trois heures…
C’est
l’extase. La navigation au moteur dans le lagon face au vent et aux vagues nous
rend littéralement fous. On se croirait revenu à la belle époque où on se faisait
secouer dans le golfe de Gascogne…
Après
les mouillages rouleurs des Marquises on espérait un peu de répit à l’intérieur
des atolls mais tout ça ne présage rien de bon… Heureusement en arrivant sur
place les premières culottes de gendarmes apparaissent et les vagues
s’estompent !
On
n’y est ! Ancrés juste en face des luxueux bungalows de l’hôtel Kia Ora,
le spot se rapproche déjà plus de l’image carte postale.
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Il
est temps de se consacrer à La grande attraction de Rangi, celle qui lui assure
sa renommée mondiale : La plongée !
La
passe de Tiputa est en effet un eldorado pour les plongeurs et nous n’allons
pas tarder à savoir pourquoi. Dès
le lendemain, les hostilités commencent très fort !!!
Rien
que sur les deux premières plongées, on entame déjà un joli tour d’horizon de
la faune marine polynésienne : nage au contact avec les dauphins, passage
de requins gris et pointes noires dans le bleu, centaines de poissons de récifs,
raie manta, raies léopards, tortues, murènes, poissons napoléon, carangues,
barracudas… tout y passe !
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Dauphins jouant avec une éponge |
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Olé ! |
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Hé oui Malo ! Cette vilaine maladie de peau est contagieuse pour l'homme ! |
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Banc de bécunes |
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La scène en image :
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Rémora pot de colle qui a essayé de se ventouser à peu près partout sur nous... |
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Nous profitons des plongées dans ce cadre exceptionnel pour faire valider notre niveau Advanced PADI. Et on peut pas dire qu'on ait trop sué pour l’avoir :
« la plongée "navigation avec le compas" ?? bah ca va vous êtes en voilier vous savez vous servir d’un compas !
la plongée "observation des poissons" ? ca va vous les avez vu ?
Cinq plongées s’enchainent, à chaque fois sur le même trajet mais nous restons émerveillés par la diversité des rencontres.
Mention spéciale à la plongée Sunset où nous découvrons une ambiance de début de chasse palpitante : les requins s’agitent nerveusement en remontant vers le récif, les poissons bagnards sont occupés à mettre bas et les énormes barracudas se dispersent de leur banc pour évoluer en solitaire autour de leurs proies.
Mention spéciale à la plongée Sunset où nous découvrons une ambiance de début de chasse palpitante : les requins s’agitent nerveusement en remontant vers le récif, les poissons bagnards sont occupés à mettre bas et les énormes barracudas se dispersent de leur banc pour évoluer en solitaire autour de leurs proies.
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Un peu de poissons pendant la plongée Sunset... |
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Banc de balistes |
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Napoleon et son wingman de chasse (une carangue). A deux ils font des ravages |
Malheureusement, à cause d’une houle de Sud qui a rempli le lagon pendant plusieurs jours, toutes nos plongées seront en courant très légèrement sortant le long du récif, avec à la clés quelques palmages musclés pour terminer. Nous ne verrons pas non plus la star du lieu : le requin marteau qui est assez rare à cette époque.
Dommage, quand il vient, il est occupé à chasser et manger du requin gris…
Histoire de chasser un peu toutes les bulles d’azote accumulées après ce grand safari sous marin, nous partons une journée en speed boat pour visiter le lagon bleu au sud de l’atoll.
45 min à se faire brasser plus tard et nous arrivons dans un petit coin de paradis composé de petits motus à fleur d’eau ou les jeunes requins pointes noires et citrons viennent se faire les dents.
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Le lagon bleu |
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Attaque imminente |
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On apprend à faire des chapeaux en palmes de cocotier (vous pourrez admirer nos premières créations dans l’article sur Fakarava…), on nage aux milieux de dizaines de requins et on s’immerge au milieu d’une faune de touristes presque aussi singulière que le lieu.
La fin de Rangi approche, nous raccompagnons Antoine le dernier jour à l’aéroport avant de repartir le lendemain pour le deuxième atoll de notre parcours des Tuamotus (les Tuam’s comme disent certains…no comment)
On a passé un moment incroyable !
Ha si quand même un petit petit hic dans le parcours…
Nous voilà gentiment attablés un soir au snack près du quai. Nous sommes sur une terrasse donnant directement sur le lagon. Un autochtone géant, torse nu, s’attable avec nous. Au début tout se passe bien on tape la discute, tranquille…
Pour bien nous mettre dans l’ambiance, il nous explique en rigolant comment de bon matin, un peu lassé de retrouver perpétuellement ses « savattes » mordues par son fidèle compagnon canin il s’est finalement décidé à le noyer dans le lagon puis à le découper méticuleusement en petits morceaux pour en faire un bon ragout.
Une occasion rêvée pour inviter toute sa famille à une bonne hotdog party !! C’est bien légitime. Qu’est ce qu’on ne ferait pas pour se mettre un petit steak bien frais sous la dent. Ca change du régime à la noix de coco. Seul bémol pour lui dans cette histoire, son fils de 4 ans était tout de même un peu triste de perdre l'animal avec qui il avait pris l’habitude de jouer tous les jours…
Voilà pour la mise en bouche ! La suite de son récit tournant principalement autour de son enfance hyperviolente au lycée de Papeete…
Plaisante discussion donc avec un homme aux abords plutôt sympathiques même si on dénote vite chez lui un certain penchant pour l’alcool voire un possible usage de stupéfiants…
Vient l’heure de la digestion. On s’autorise alors une petite pause pour profiter juste derrière notre table du spectacle des requins qui dévorent avidement les restes de notre repas.
Petit moment d’inattentio. Grave erreur ! Car lorsque qu’on se retourne vers la table, mon Vini (du nom de l’opérateur leader en polynésie, c’est comme ça qu’on mentionne un téléphone mobile ici, un peu comme le scotch, le bic...) a mystérieusement disparu…
L’enquête commence. Mais dites moi docteur Watson, notre ami polynésien ici présent n’est il pas le seul à être resté à la table pendant ces deux minutes ?
Il nous regarde l’air de rien du haut de ses 2m tout en muscles…On hésite alors un peu à l’accuser direct… « Tu n’aurais pas vu mon Vini par le plus grand de tous les hasards ?? »
Nous passons quelques minutes à chercher un peu partout avec l’aide du personnel du snack, quand notre ami boucher se met dans l’idée de nous prouver son innocence. Il sort vaillamment un Vini de sa pochette et proclame fièrement : « Moi j’ai juste Mon Vini dans maaa pocheeette… ».
Manque de pot pour lui, c’est mon Vini qu’il sort de sa pochette ! Il s’en rend compte direct, le remet maladroitement et ressort son téléphone l’air de rien.
Sauf que là tout le monde l’a vu faire… Il se sent mal, me rend mon Vini et commence à voir rouge, les yeux injectés de sang :
« t’es pas content ? t’es paaaaaaaas content ????»
« heu bah en fait pas trop trop content quand même vu que t’as un peu essayé de taxer mon Vini ! »
Wrong answer !!!! Il commence à vraiment à bouillir, enlève sa sacoche, serre les points et se tient prêt à me balancer aux requins juste derrière la barrière...
Bon… allez...évitons de finir attachés à une pierre comme feu son animal de compagnie :
« Ha mais si si en fait je suis super super content. C’est top, j’adore ça prêter mon Vini !!! »
Quelques checks et high five plus tard et on se quitte bon amis. C’est la fin de l’innocence. Aux Marquises, on ne s’est jamais posés la question des vols ou agressions tellement tout le monde était gentil et accueillant. Les règles du jeu ont changé…
Mais à Rangi aucun délit ne reste impuni ! Le lendemain, nous rencontrons un flic en or qui nous prend en stop et qui nous filera même son num de tel pour nous balader gratuitement pendant ses rondes ! Et bien sur, on lui narre notre petite histoire. Il connait bien le loustic et lui fera passer après notre départ un bon petit weekend en Zonzon !!!
That's all Folks !
Allez let’s move to Fakarava !
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